Comment booster sa recherche d’emploi avec le personal branding ? – Interview de David Lefrançois
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Jeff Carlotti
Bonjour David.
David Lefrançois
Salut Jeff.
Jeff Carlotti
Merci infiniment pour le temps que tu me consacres compte tenu de ton emploi du temps très chargé par toutes tes précieuses activités.
David Lefrançois
Pour toi c’est un plaisir saches-le. Un vrai plaisir.
Jeff Carlotti
Donc on va partir sur le thème du personal branding appliqué à la recherche d’emploi.
Pour ceux qui ne te connaissent pas, tu vas me dire si je dis juste, tu as un master en psychologie.
David Lefrançois
Oui je suis psychologue et ensuite je suis parti sur un doctorat en neuroscience.
Jeff Carlotti
Ensuite tu as créé INA, Institut des Neuroscience Appliquées pour former des coachs. Puis tu as monté la NBS pour apprendre aux entrepreneurs à se vendre de manière éthique en utilisant toutes les techniques de marketing, avec Yannick Alain. C’est bien ça ?
David Lefrançois
Exactement.
Jeff Carlotti
Quelle est ta définition du personal branding dans la recherche d’emploi ?
David Lefrançois
On va clarifier personal branding. C’est, dans l’idée, « Et si j’étais une marque ? ». C’est important parce que quand on regarde l’histoire des marques en règle générale, on va s’apercevoir qu’une marque raconte quelque chose.
La vraie question c’est « Ce que je suis, qu’est-ce que ça raconte ? ». Ou alors tu peux aller dans une autre direction « Quand on parle de moi, qu’est-ce qu’on raconte de moi, qu’est-ce qu’on dit de moi ? ».
C’est tout ce que tu dois penser pour être au clair avec le personal branding.
D’abord « Si j’étais une marque » :
- Est-ce que je serais une marque de luxe
- Est-ce que je serais Hermès ou Lidl
Les 2 sont intéressants. Ce sont 2 stratégies différentes.
Dans la première je vais avoir un positionnement de mass market sur Lidl avec de l’élite sur Hermès.
Ça veut dire que je vais réfléchir sur « À qui je m’adresse ? ».
Si on fait du marketing c’est « Quelle est la cible à laquelle je m’adresse et quel genre de clients je veux attirer ? ».
Après je peux me poser la question « Si moi j’étais une marque, quel genre de marque je devrais être pour être séduisant aux yeux de ces personnes-là ? ».
C’est important. J’aime bien cette idée de dire « Tiens, je vais me penser comme une marque. » Parce qu’une marque, ça te donne énormément d’indications sur qui je suis.
- Si on prend Nike :
La virgule Nike, qui vient de Niké, déesse de la victoire. Après tu es obligé de communiquer autour de la logique de « victoire », de quelqu’un qui gagne. Il faut que tu dises qu’avec ces produits tu vas gagner. Il faut qu’il y ait une cohérence par rapport à la marque.
- Si on prend Mercedes :
Le sigle c’était les 3 directions. On a un rond avec 3 directions. Et chaque direction c’est Terre, Air, Eau. Mercedes avait pour objectif de conquérir tout ce qui pouvait porter un moteur sur la terre, dans l’air, et dans l’eau. Ils ont créé des moteurs pour avions, des moteurs pour bateaux, des moteurs pour voitures. Et après ils se sont dit que l’orientation serait le luxe. On va toucher des personnes dont le positionnement est un positionnement de luxe.
C’est juste important de comprendre « Si moi j’étais une marque, qu’est-ce que je voudrais qu’on dise de moi ? Qu’est-ce que je voudrais qu’on raconte de moi ? ».
Et pour être une marque, pour faire du personal branding, il faut être au clair sur 2 choses :
- Quel est mon élément différenciateur ?
En ce qui me concerne, il y a plein d’écoles de coachings. Mais celle qui va appréhender le coaching à travers les neurosciences appliquées, y’en a qu’une seule. Aujourd’hui, on me reconnaît comme étant un spécialiste du marketing, du neuromarketing, des neurosciences. Et j’ai intégré ça dans mon école de coaching.
Donc mon élément différenciateur ça va être les neurosciences, puisque c’est ma formation de base. Ça va être aussi mes valeurs. Moi par exemple j’ai une valeur qui est une valeur très importante pour moi, qui structure toute ma vie, c’est la générosité. Et ça, générosité et bienveillance, j’essaie de tout faire dans mon quotidien pour coller avec ces dimensions-là, avec ces valeurs-là.
Et aujourd’hui, il y a de très grandes chances que si quelqu’un te parle de moi, il te dira « Tu ne trouveras jamais autant de matières dans une formation que dans la sienne », parce que je donne, je donne, je donne. Très généreux. Ensuite, quel que soit le stagiaire, quelle que soit son avancée, dans son mode de fonctionnement, tout est une logique de bienveillance. Et les personnes qui disent des formations avec nous, que ce soit à la NBS ou ailleurs, diront « Franchement c’est vraiment bienveillant. Y avait une bonne ambiance, on s’est senti accueilli, on s’est senti à la maison, on ne s’est pas senti jugé ». Et ça, c’est parce que c’est le reflet de qui nous sommes.
Je dis « nous » parce que Yannick Alain est exactement dans la même direction si on parle de la NBS tu vois. Et je vais recruter des personnes qui sont dans la même dimension.
Par exemple, si je prends des formateurs, je vais les sélectionner autour de plusieurs critères :
- Qu’ils aient suivi ma formation
- Afin qu’ils ne se sentent pas largués quand on veut écrire quelque chose.
- Je veux que mon formateur soit un crack dans son domaine
J’ai cette exigence qu’il soit meilleur que moi dans ce qu’il va enseigner. Moi je m’entoure vraiment des meilleurs.
- Il/elle doit avoir un talent pédagogique.
C’est-à-dire que c’est pour transmettre. Il y a plein de personnes qui ont plein de connaissances mais c’est difficile à transmettre.
- Une personne généreuse. Et ça c’est le critère le plus important pour moi.
- Elle doit aimer transmettre ce qu’elle est en train de donner.
Et si on fait ça, on va se rendre compte que ça change beaucoup la donne. Ça permet vraiment à ce que les personnes reçoivent une information, se développe, s’y intéresse, et s’éclate avec moi. Tu vois ?
J’ai une cohérence de fond. C’est-à-dire que si moi par exemple je suis généreux et bienveillant, mais que j’ai des formateurs qui ne le sont pas, l’expérience totale ne sera pas à 100%. On ne pourra pas dire au final que c’est généreux et bienveillant.
C’est pour ça qu’il faut vraiment être au clair avec le personal branding, avec qui je suis, avec les valeurs qui me viennent, avec la cible que je veux, et surtout je m’assure qu’à tous les niveaux, que ce soit dans ma communication comme dans mon rapport aux autres, et dans mon rapport de l’écoute aux autres, parce que c’est ma responsabilité, il faut être cohérent avec ça.
Jeff Carlotti
Donc si je fais un point de synthèse, et je te remercie pour toute cette matière, ça revient à savoir qui on cible, donc dans la recherche d’emploi à quelles entreprises on va s’adresser, ça revient aussi à savoir ce qu’est son critère différenciateur par exemple son critère de compétences.
David Lefrançois
Et de valeurs. C’est vraiment important de le positionner avec valeurs et compétences. Pourquoi je te dis ça ?
Parce que quand tu vas te proposer à un employeur, sur le marché les compétences sont vachement autonormées. Je cherche un ingénieur, je vais voir des écoles d’ingénieurs, je vais avoir son cursus. Mais vraiment, ce qui va faire la différence, c’est ce que je vais garder de lui en termes de valeurs. C’est de se dire « Ce mec, il a les mêmes connaissances que les autres, mais par contre il a un truc qui est intéressant, c’est qu’il aime fonctionner en équipe ». Et en fait, les choix de recrutements ne se font pas sur des caractéristiques brutes, mais souvent sur des choses qui sont irrationnelles, comme la relation, la valeur.
Jeff Carlotti
D’accord. C’est super intéressant cette précision parce que du coup ça me permet de faire la différence entre les valeurs au sens des compétences de l’individu en tant qu’être humain, et aussi les valeurs de l’entreprise parce que tu as dit que c’est bien qu’il y ait cette compatibilité entre les valeurs d’individus et valeurs de l’entreprise.
David Lefrançois
C’est la raison pour laquelle si même demain vous allez dans un recrutement, posez-vous cette question.
- Quand vous allez travailler avec une entreprise, renseignez-vous sur son système de valeur.
Beaucoup d’entreprises communiquent sur leurs valeurs. C’est important de connaitre les valeurs d’une entreprise.
Parce que si tu connais les valeurs de l’entreprise ça va être d’autant plus facile de pouvoir te positionner par rapport à tes propres valeurs et de faire un match entre les deux.
C’est essentiel juste de faire, et ça je vous encourage à faire les choses, renseignez-vous toujours à fond sur l’entreprise.
Tu sais, j’ai une très très grande leçon. Je ne suis pas fier de ça mais c’est important que je le raconte.
Un jour on m’offre la possibilité de rencontrer les brasseries Paul. J’ai directement un rendez-vous avec le boss, parce que j’ai un copain, le gars cherche un nouveau formateur en management de toute la société, et j’ai mon pote qui lui dit « J’ai un pote c’est le meilleur en management ». Il organise le rendez-vous. Tout le rendez-vous est fait.
Et je suis allé au rendez-vous, un peu dans l’orgueil. Et le type m’a posé une question : « Est-ce que vous êtes allé dans une de mes boutiques ? ». Et je lui dis non. Il m’a dit « Alors entretien terminé. Je ne peux pas m’intéresser à une personne qui ne s’intéresse pas à mon entreprise. ».
Et en fait je l’ai remercié. Je l’ai remercié pour la leçon parce que c’était important. On n’a pas travaillé ensemble. Il m’a fait travailler 5 ans plus tard pour des concurrences, il était rancunier, parce qu’on s’est recroisé à une soirée et je lui ai dit qu’il avait raison. Mais après ça j’ai compris à quel point c’était essentiel de vraiment s’intéresser à une boite :
- Par exemple d’avoir les chiffres clés
- De savoir son développement
- De savoir ses difficultés
- Est-ce qu’elle a une actualité qui est agréable ou désagréable
- Qu’est-ce qu’on dit de bien sur elle
- Qu’est-ce qu’on dit de pas bien
Et de se positionner par rapport à ça. C’est vraiment important.
Et aujourd’hui, maintenant, si demain je travaille avec une société, avant d’y aller j’ai un vrai dossier.
Et du coup ça permet vraiment d’adapter son langage et d’être sûr de ne pas faire d’erreurs. Et ça c’est très important et c’est pour ça que je partage ça avec vous parce que ça a été une humiliation pour moi mais en même temps une très très très grande leçon.
Jeff Carlotti
C’est super. Et après tu parlais du coup de raconter aussi son histoire.
David Lefrançois
Oui parce que je crois profondément que ça ne sert à rien d’expliquer aux gens qui nous sommes. Parce que quand on explique qui on est, la personne quoiqu’il arrive va s’en faire une idée. Mais par contre, la puissance d’une histoire, c’est essentiel. C’est-à-dire que quand on raconte une histoire, à l’intérieur de l’histoire :
- On va deviner tout un cheminement
- On va deviner les valeurs
- On va deviner le tempérament de la personne
On appelle ça le storytelling.
C’est important d’avoir son propre storytelling. Chaque entreprise a le sien.
Tout le monde connait celle de Steve Jobs qui a créé ça dans un garage mais qu’en fait le mec n’avait pas fait d’études, mais par contre il était passionné de calligraphie, et quand il a commencé à créer un ordinateur il a dit « Attention je vois quelque chose au niveau calligraphique », et du coup il s’est positionné sur quelque chose de beau tout de suite. Parce que cette histoire est toujours présente, quand t’achètes un Mac, t’achètes une marque, t’achètes une histoire avec un mec qui va te dire en permanence, parce que je veux que les mecs ils se disent que mon produit pense différemment, parce que les gens qui pensent différemment se sont ceux qui créent le monde ».
Je veux aussi par exemple que si tu portes mes produits de sports, que tu ne te poses pas de questions, que tu sois un Terminator. Et pour être un Terminator quand tu fais du sport, Bah c’est « Just do It ». Voilà.
C’est-à-dire que tu arrêtes de philosopher et de rester dans ton canapé. Tu mes tes pompes, tu sors, tu cours, et quoi qu’il arrive, juste si tu fais, tu as progressé.
Et c’est pour ça que tout ça, ça concourt à ton personal branding.
Quand vous allez vous présenter, dites « Permettez-moi de vous raconter mon histoire en quelques mots. D’abord j’étais fasciné par ceci, ensuite… ». Et dans votre histoire, ça doit révéler 2 choses :
- Votre niveau de compétences
- Vos valeurs, et c’est le plus important
Et si dans ton histoire, quand tu la racontes, elle permet à la personne de comprendre ton système de valeurs sans que tu le lui dises, parce que je peux tenter de te convaincre avec des mots, tu seras persuadé qu’avec les tiens.
C’est tout l’avantage d’un bon storytelling. C’est « Je vais vous raconter une histoire. Dans cette histoire il y a des choses sympas, ça ça ça, j’ai fait ça ça et ça, par contre dans cette expérience qui m’a moins plus c’est par exemple la dimension humaine, je n’avais pas assez de contacts alors que moi j’aime le contact, ça me permettait de… ». Je ne vais pas vous dire qui je suis, mais la conclusion que tu vas en tirer c’est ça.
Et c’est pour ça d’ailleurs quand on regarde une marque, elle te dira « Voilà ce que nous sommes ».
Mais par exemple, si tu vas voir Nike, elle va te montrer des personnes en train de réussir, les grands champions en train de marquer dans plusieurs sports. Red bull ne vont pas te dire « Nous grâce à nos boissons on va te rendre complètement électrique ». Mais on voit bien que les mecs prennent des risques à tout va et qu’ils ont un style de vie complètement freefly. Une fois encore, tout ce que je raconte ne doit qu’étoffer mes compétences et mes valeurs.
Jeff Carlotti
Très bien. Donc en gros on n’affirme pas directement qu’on a telles compétences et telles valeurs, on donne des exemples qui permettent au recruteur de déduire qu’effectivement on les a.
David Lefrançois
C’est plus puissant en termes de déduction. C’est rassurant. Parce que nous on se dit que si on lui dit, au moins il le sait. Mais en fait, sachez qu’à chaque foi sil y a un positionnement de structure psychologique. Chaque fois que tu vas dire quelque chose, il y a une petite voix en face qui va dire « Oui mais ».
Alors que si tu ne dis rien, que tu n’affirmes pas, mais que tu présentes une histoire, le cerveau en face a besoin d’en tirer une conclusion. Toujours.
C’est pour ça que même en hypnose, les métaphores sont très puissantes.
Parce que tu pourrais envoyer des suggestions directes à la personne, mais il y a ce qu’on appelle, une dimension du cerveau, le pare-excitation, qui fait « Ok il me dit ça, il est en train de se vendre bla bla bla ». Alors que si je pars à l’inverse et que je raconte une histoire, le cerveau se dira « ok j’en tire quoi comme conclusion, c’est quoi la morale de l’histoire ? »
Et ça c’est important et c’est plus puissant.
Jeff Carlotti
Donc on by-pass ce garde-fou du cerveau de cette manière-là avec l’histoire.
David Lefrançois
Exactement.
Jeff Carlotti
Ok super. Tu as aussi parlé de l’image qu’on donne autour de nous. Est-ce que là tu voulais mettre le doigt sur le fait que quand on recherche un emploi et quand on véhicule son projet il peut y avoir une non-corrélation entre l’image qu’on pense avoir nous-mêmes et celle que les autres ont de nous ? Ou c’est complètement autre chose que tu voulais souligner ?
David Lefrançois
C’est ça. C’est important que vous ayez une cohérence entre ce que j’affiche et ce que je suis.
Tu sais moi j’ai rencontré plein de personnes qui affichaient de l’éthique. Mais après quand tu les écoutes dans les faits, rien à voir. Tu t’aperçois que le mec, la seule chose qu’il a d’éthique, c’est le fait qu’il le dise.
Une fois encore, je vais paraphraser Martin. Martin Latulipe avait demandé un jour à un grand mentor à lui un conseil pour devenir un grand conférencier. « Qu’est-ce que je peux faire pour donner de supers conférences ? ».
Le mec lui a dit « Ne prépare pas ta conférence, prépare le conférencier ».
Aujourd’hui je vais vous dire exactement la même chose, c’est-à-dire que plus tu vas être au clair avec toi-même, plus tu vas faire un travail sur toi, et plus, quoi qu’il arrive, ça se verra. T’auras même pas besoin de dire.
Quelqu’un qui est gentil, qui est bienveillant, n’a pas besoin de le dire. Ça se voit tout de suite. Ça se voit dans sa proposition, dans sa générosité, dans sa façon de parler, dans sa façon d’être.
Quelqu’un qui ne l’est pas ça se verra également tout de suite.
Donc une fois encore, n’essayez pas de proposer autre chose que ce que vous êtes, parce que vous allez créer ce qu’on appelle une incongruence, et la personne en face ne va pas saisir la chose. Elle ne comprendra pas. Soyez vraiment au clair avec vous-même.
Par exemple, si tu cherches un truc d’ingénieur et que ne t’es pas quelqu’un qui fonctionne avec les autres facilement, ça ne sert à rien de dire « Vous savez, moi ce que j’aime vraiment c’est les autres », parce que tu ne seras pas crédible. Dans ces cas-là tu ne le mets pas en avant.
- Valorise tes autres valeurs. Valorise tes autres points.
Et si la personne te dit « Dans tout ça, vous n’avez pas parlé du travail avec les autres. ». Oui « je suis un ingénieur, est-ce que c’est la chose la plus facile pour moi à faire ? non. Mais c’est quelque chose que j’apprends tous les jours et c’est quelque chose pour laquelle je me passionne. C’est pour ça que je ne mets pas ça en avant. Ce n’est pas mon critère premier. Mais par contre je ne pose jamais obstacle au fonctionnement des autres. Je suis un peu timide donc j’ai parfois un peu du mal à aller vers les autres. Mais quand les choses s’organisent par elles-mêmes, là par contre je participe beaucoup ».
N’essayez pas de masquer ou de mentir sur ce que vous êtes. Y’a rien de pire. Ça peut de suite se voir.
Jeff Carlotti
Donc si je comprends bien, l’idée c’est d’assumer qui on est. Si on est timide, « Oui je suis quelqu’un de timide, par contre j’ai travaillé déjà dans 2 entreprises, et même en étant timide le travail se passait correctement parce qu’au bout de 3 mois j’interagissais avec mes collègues et il y a eu un mode de fonctionnement mis en place. Voici les coordonnées de mes chefs et de mes collègues pour pouvoir en discuter etc ».
David Lefrançois
Parfait. Ou alors tu peux même, si tu penses que tu es vraiment timide, dire « Sans être timide, je suis assez réservé. Je ne suis pas quelqu’un de très expansif. Je suis quelqu’un de très cérébral, et en même temps j’ai appris à aimer le travail aussi en équipe. Je sais aussi prendre ma place quand il le faut. Maintenant je ne suis pas quelqu’un, par nature, d’hyper expansif, mais il y a les vendeurs pour ça, les managers, moi mon job c’est d’être ici, d’être présent, de soutenir un projet »
Si vous n’êtes pas un leader mais un suiveur, c’est ok aussi. Parce qu’on a besoin des deux. « Moi j’aime me mettre aux services d’un projet, et je suis efficace dans ce que je fais ».
Jeff Carlotti
Ça aide aussi à trouver sa place dans l’entreprise.
David Lefrançois
Oui. Et puis les gars sont conscients qu’ils ont besoin de tous. On a besoin de tout le monde. Imagine si on avait que des personnes hyper extraverties, qui disent ce qu’elles pensent et font que ce qu’elles veulent dans une entreprise. On aurait que des mercenaires tu vois. C’est impossible. C’est juste de se dire qu’on doit assumer qui on est.
Moi je sais que j’ai une personnalité, je sais pertinemment que cette personnalité peut inspirer ou peut énerver. Les 2 me vont aussi. Si quelqu’un vient me voir et me dit « je n’aime pas vraiment ce que tu m’as dit, ça m’a agacé », c’est ok. J’espère que ça te soulage de me l’avoir dit. Mais mon but n’est pas de faire plaisir à tout le monde. Mon but c’est d’être moi-même. Donc si je que je suis t’agace, pose-toi la question de qu’est-ce que je t’ai envoyé à toi-même, mais pour moi c’est comme ça.
Je suis au clair là-dessus et je suis conscient que, certainement, parmi les personnes qui vont te regarder aujourd’hui, il y a des personnes qui vont se dire « Ouais, c’est un gros con ». Voilà.
Jeff Carlotti
Ok donc ça a énormément de conséquences ce que tu dis là David parce que ça veut dire que si on n’est pas pris par exemple à un entretien ce n’est pas forcément parce qu’on est mauvais en tant que personne, mais c’est parce que peut-être que notre personnalité et nos compétences ne correspondent pas à l’entreprise et à ses valeurs, donc le fait de ne pas se remettre en question.
David Lefrançois
Tu sais, il y a un truc qu’on voit beaucoup dans la vente. Ne le prenez pas personnellement mais tu sais, toi, ou même les personnes qui sont en train de nous regarder aujourd’hui, quand vous dites « non » à une personne qui veut vous vendre quelque chose, vous ne dites pas « non » à la personne.
Vous dites « non » à son produit, parce qu’il n’y a pas d’équation entre son produit ou ce qu’elle propose. Peut-être que tu n’as pas besoin de son produit.
Mais une fois encore quand on ne vous accepte pas pour un poste, comprenez que ce n’est pas forcément la personne qu’on n’accepte pas. Il ne faut pas le prendre personnellement. Peut-être qu’il n’y a pas d’équation avec votre profil. Et notre profil, peut-être que la personne a une vision spécifique d’un profil et qu’il y a une autre personne qui avait un profil qui était approchant. Mais cette même personne, dans une autre société, a un profil très éloigné du poste, donc vous allez être très approchant.
Donc posez-vous la question, toujours, « Qu’est-ce que je peux améliorer dans mes entretiens, qu’est-ce que j’aurais pu », après coup, et puis, c’est audacieux, mais je vous demande de le faire.
Quand vous n’être pas pris à un poste, n’hésitez pas à dire à la personne « Ok, qu’est-ce qui a fait que je n’ai pas remporté le poste ? Qu’est-ce que moi je peux améliorer ? »
Et là la personne dira « Bah voilà nous on a besoin d’un poste d’ingénieur en spectro. Toi tu es ingénieur mais pas en spectro, et on a trouvé un ingénieur en spectro. »
Ou alors peut-être qu’elle dira « Ecoutez, on vous a trouvé un peu timoré, on a un poste dans lequel il y a un peu de leadership, ça n’a pas été assez mis en avant dans le poste. »
Donc remerciez la personne et la prochaine fois, intégrez que dans votre publication, il faudra rajouter des choses et une autre forme de communication.
Jeff Carlotti
Donc en gros le fait d’avoir des refus c’est limite des opportunités parce que ça nous permet d’améliorer notre façon de candidater.
David Lefrançois
Maintenant regardez l’expérience que j’ai racontée avec Paul.
Après que j’ai eu le moindre appel pour une entreprise, c’est rigolo parce que la semaine d’après je suis allé chez Leclerc et le gars m’a donné rendez-vous à midi.
Et à 10H j’étais dans son magasin. Je regardais comment il était, comment il était positionné, j’ai parlé avec certains de ses employés. Juste pour voir un petit peu ce qu’ils pensaient de la boite, ce qu’ils pensaient du patron. C’était des informations.
Et quand je suis allé le voir, je lui ai expliqué et tout de suite il a vu que je m’étais intéressé. Je lui ai dit « Vous ne respectez pas les normes du Leclerc ». Parce que je suis allé voir d’autres Leclerc et je trouve que le votre n’est pas normé. Je suis le parrain des enfants de Michel Edouard donc j’ai pu me permettre. Et du coup on était rentré dans le truc. Et je lui ai dit « Il y a une chose que vous devez savoir, c’est que vos collaborateurs pensent que vous êtes accessible. » Il m’a demandé comment je savais ça, et je lui ai répondu que j’avais parlé avec ses collaborateurs.
Tu peux dire tout ce que tu veux mais quand tu as fait ça, si un mec derrière, un concurrent, passe et qu’il ne l’a pas fait, il est mort.
Tout sert de leçon. Absolument tout.
Pour chaque entretien, si vous partez sans avoir d’information c’est dommage. Mais logiquement un recruteur, demandez-lui « Voilà monsieur, moi j’ai besoin de m’améliorer, qu’est-ce que j’aurais pu faire pour être plus percutant ? Qu’est-ce qui a fait que vous n’avez pas retenu ma candidature ? Objectivement. »
« Je vous ai trouvé trop réservé » par exemple. Et on améliore la prochaine fois. On réfléchit à son branding, à son storytelling sur « Qu’est-ce que je peux faire pour montrer que dans mon histoire j’ai plusieurs choses ».
Jeff Carlotti
Du coup ça soulève un présupposé. Ça suppose qu’on vise un type de poste qui nous correspond pleinement du coup.
David Lefrançois
Mais de toute façon quoiqu’il arrive, c’est le premier conseil que je vais vous donner, pour 2 raisons :
- En termes d’épanouissement personnel, en termes d’engagement, de motivation
- En termes d’intérêt aussi pour la société
Une société qui recrute un type qui va prendre un poste par défaut, il recrute quelqu’un qui va le TMIG (Travail Minimum Interprofessionnel Garanti). C’est-à-dire que je fais ce qu’il faut, mais je n’apporterais pas de valeur ajoutée. Tu vois ce que je veux dire ?
Je ne ferais pas progresser mon entreprise alors qu’en fait, dans l’idéal, je dois être source de propositions, je dois être force de propositions.
Tu sais, regarde, on n’a jamais été aussi bon dans des matières à l’école que quand on avait un professeur passionné, passionnant et positif.
Jeff Carlotti
Carrément.
David Lefrançois
Si tu prends ces 3 critères-là, tu as tout compris. Quand tu es passionné, passionnant et positif, tout de suite ça pulse derrière. Et si tu trouves quelque chose, un métier qui correspond à ça, tu seras passionné, passionnant et positif. Et ça il faut le vendre.
Et si la personne vous dit « Et pourquoi vous ? ». Bah parce que je suis passionné, passionnant et positif, et que mon rêve c’est de travailler dans cette structure-là. Donc si vous me prenez, je vais être force de propositions. Je vais être obligatoirement motivé. Vous n’avez pas forcément besoin de quelqu’un qui fasse le job. Vous avez besoin de quelqu’un qui est passionné et qui va donner le meilleur et qui parfois va être source de propositions en termes d’idées. Mais ça on peut le faire que si vraiment on s’intéresse à son job.
C’est essentiel. Je ne dis pas qu’il ne faut pas prendre des jobs alimentaires quand la vie nous l’impose. Mais quoiqu’il arrive vous devez après avoir développé un mindset très rapidement et vous orienter dans quelque chose qui vous tire vers le haut.
Jeff Carlotti
Du coup pour quelqu’un qui par exemple est complètement perdu, qui a toujours fait des travails qui ne lui ont pas plu, quels conseils tu pourrais donner pour se mettre sur l’autre chemin, pour trouver un travail épanouissant et qui correspond à la personne davantage ?
David Lefrançois
Alors il y a un exercice qui peut être assez sympa. En ce moment on parle du 10 years challenge. On met les photos de maintenant et les photos d’il y a 10 ans.
Vous faites le 10 years challenge mais à l’envers.
Tu t’imagines dans 10 ans. T’es en train de marcher dans la rue. Tu croises un pote qui t’a pas vu depuis 10 ans. Et toi t’es dans un job qui t’éclate. Mais vraiment. C’est-à-dire que tu n’as jamais été aussi épanouie de ta vie au travail.
Quand le mec te dit « Hey, qu’est-ce que tu fais ? Ah bon ? Et pourquoi ça te passionne ? Pourquoi t’aimes tant ton job ? »
J’aime mon job parce que… Et si je suis capable de trouver les arguments, et parfois de se projeter dans un futur, c’est plus facile que de faire référence à son passé.
Les personnes qu’on juge simplement à différents jobs dans leur vie et que ça n’a pas bien fonctionné, le cerveau a une structure qu’on appelle la structure amygdalienne, qui fait que lorsque je vais en parler, je vais parler de mes expériences passées qui n’étaient pas bonnes.
Comme je suis focalisé sur mes expériences passées qui ne sont pas bonnes, je remplis ma tête d’une conscience d’expérience qui n’est pas bonne. Donc j’attire ou je vais choisir des expériences qui ne sont pas bonnes.
Mais si j’arrive à juste envisager dans le futur qu’en rêve c’est possible, on imagine que c’est absolument incroyable, tu as trouvé le job de tes rêves et ça fait 10 ans que t’es dedans. Et ça fait 10 ans que tous les jours tu te passionnes pour lui. Qu’est-ce que tu fais ? Comment tu fais ? Avec qui tu fais ? Et tu rencontres un pote qui te dit « Tiens ! Je t’ai pas vu depuis 10 ans t’as l’air super épanoui ! T’as changé ! »
Et là tu lui racontes ton histoire, ce que tu fais, et ça, ça peut être vraiment aidant comme motivation.
Jeff Carlotti
Je valide complètement cette façon. C’est vrai ce que tu dis, quand on a eu des mauvaises expériences on se focalise que sur le négatif. Et le fait de jouer le jeu « dans 10 ans », tu fais déjà quelque chose de positif.
David Lefrançois
Et ça ouvre un mindset. C’est-à-dire que t’es aussi en train d’envoyer à ton cerveau le « C’est possible ».
Et puis il y a aussi une chose. Je vous ai parlé de Nike. Je vous ai parlé d’Apple. Maintenant je vais vous parler de L’Oréal.
L’Oréal a compris une chose, c’est que l’être humain a besoin de valorisation. Au départ, si tu écoutes le slogan de L’Oréal :
- Il y avait une femme qui disait « Parce que je le vaux bien ». Et là ils ont dit Ok c’est super mais c’est quand même centré sur la vedette.
- Après, ils ont évolué, ils sont passés au slogan « Parce que nous le valons bien ».
- Et enfin après ils ont dit « Parce que vous le valez bien ».
Et c’est une star qui est en train de dire « Mais toi aussi tu le vaux bien ! Chouchou ! Moi je suis en train de mettre ce produit, et je suis une star, et bien toi aussi t’es une star ! »
Et c’est ça qu’ils sont en train d’envoyer. Et c’est la raison pour laquelle, quand vous allez appréhender tous ces schémas-là, un nouveau métier par exemple, visez grand. Soyez grand dans votre tête, et tout ira bien. Vraiment tout ira bien.
Ne voyez pas petit. Et vous le méritez. Vous méritez vous aussi, chacun d’entre nous on mérite tous d’avoir un job dans lequel on va s’épanouir, dans lequel on va s’éclater, et dans lequel on va apporter de la valeur ajoutée aux gens.
Si tu te mets dans une logique de services, c’est toi le plus important. Pour chaque métier, tu dois te poser la question « A quoi je sers, quelle est ma pierre à l’édifice ? »
Et si vous faites ça c’est top.
Jeff Carlotti
Merci David. Il y a toujours une dernière question que je pose en général aux gens que j’interviewe.
Si tu devais donner qu’un seul conseil à quelqu’un qui cherche du travail dans sa vie, en poste, pas en poste, au chômage, pas au chômage, ce que tu veux, quel conseil tu lui donnerais ?
Différent de tous ceux que t’as donnés jusqu’à présent.
David Lefrançois
Tu vas sur la chaine de David Lefrançois et tu te tapes toutes ses vidéos !
Jeff Carlotti
Y’en a combien ? Y’en a 300 au moins non ?
David Lefrançois
Non non non, il y en a 200 à peu près.
Jeff Carlotti
Ok donc une vidéo par jour ou tous les 2 jours, en un an c’est fait !
David Lefrançois
Ouais. Pourquoi je dis ça ? Parce que ça fait vraiment du développement personnel. Travaille sur toi. Parce que quand on communique, on ne peut pas tromper les gens. Pour la simple et bonne raison c’est que la lecture qui se fait d’une corrélation, d’une communication, c’est l’engagement verbal.
Plus vous allez travailler sur vous, plus vous allez travailler sur qui vous êtes, plus vous allez réduire vos points de manque et plus vous allez mettre en avant vos compétences, vos qualités. Et quoi qu’il arrive, ça se verra.
Et t’auras même pas besoin de faire la promotion de ce que tu es parce que les personnes le verront.
Regarde, vous-même depuis le début de cet entretien, on a tous une vision de qui tu es par exemple. Ta gentillesse, ton écoute, ta reformulation, ta vision. Et les personnes vont se faire une même image de ce que je suis. A travers la façon dont je parle, le timbre de ma voix, les conseils que je vais donner, mon positionnement général. Tout ça, c’est censé être qui je suis.
Plus tu vas travailler qui tu es, et plus ce que tu vas communiquer sera exact. Et t’auras pas besoin de faire ta promotion. Parce que les personnes vont percevoir. Et ce qui est perçu est plus puissant que ce qui est proposé. Tout le temps.
Jeff Carlotti
C’est puissant ce que tu dis parce que ça fait écho avec ce qui m’est arrivé hier soir.
J’ai fait une soirée réseau avec les anciens du Greco, et j’ai juste parlais de ce que je faisais, avec mon enthousiasme habituel, et en fin de soirée il y a des personnes qui sont venues me dire « Putain, je vais te recommander à mon médecin traitant » etc, parce qu’ils ont placé plein de gens qui ne sont pas heureux dans leur job et je n’avais rien demandé.
Et c’est ça qui est fabuleux.
David Lefrançois
T’as pas besoin. Après ça vient tout seul. Vraiment ça vient tout seul.
Le meilleur conseil que j’ai à donner aux gens, c’est d’être dans une logique de « Ce qu’on est à l’intérieur se voit à l’extérieur ». C’est comme ça que ça marche. Tout le temps.
Voilà le conseil que je te donne.
Après il y a d’autres chaines mais la mienne est pas mal. La mienne est pas mal.
Jeff Carlotti
Merci énormément. Je valide honnêtement ! Je suis très friand des gens qui vont proposer des façons de penser alternatives, atypiques, mais qui vont résoudre des problèmes que je rencontre dans la vie de tous les jours.
Parce que des fois la société nous dit que dans telle situation il faut se comporter de telle façon, et on n’a pas forcément de justification si on veut se comporter autrement.
Et je me rappelle sur quelques-unes de tes vidéos, où je me suis dit « Ah oui d’accord ! Si je porte ce regard-là sur la situation et pas celui que j’avais avant, du coup je suis beaucoup plus serein ! ». Et c’est ces effets déclics, je te remercie pour ça, qui sont très très appréciables.
David Lefrançois
Avec plaisir, vraiment.
Jeff Carlotti
Merci David et merci à tous les auditeurs.
David Lefrançois
Merci aux auditeurs et puis merci aussi à toi d’être dans cette initiative de donner. Parce qu’on a besoin aussi de gens généreux qui prennent le temps de faire des interviews comme ça et les offrir gratuitement.
Et c’est ça aussi qui a fait que j’ai proposé la mienne.
Jeff Carlotti
Je suis très touché, merci.
David Lefrançois
Avec grand plaisir. A très bientôt et salut à tous les auditeurs
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