Comment négocier son salaire quand on est une femme ? Les conseils de 4 membres de l’association PBW.
Selon l’association pour l’égalité professionnelle BPW, l’écart de salaire entre les hommes et les femmes est d’environ 23,8 % selon une étude de l’Insee de 2017. Et savez-vous quel est l’écart en termes de pensions de retraite entre les hommes et les femmes selon cette même étude ? 42 % !
D’après l’expérience de Céline, Muriel, Fabienne et Nathalie, toutes membres de l’association BPW, ces écarts s’expliqueraient par le fait que les femmes ont moins tendance à négocier que leurs homologues masculins. Pour pallier à cela, ces 4 membres de PBW ont réalisé un atelier à l’IAE d’Aix-en-Provence dans lequel elles ont livré leurs astuces pour devenir meilleure négociatrice !
Vous êtes une femme ? Vous voulez savoir comment évaluer votre valeur ? Vous souhaitez y voir plus clair sur différents éléments de rémunération (13ème mois, etc.) ? Vous désirez savoir quel est le moment opportun pour évoquer ce sujet entretien ? Si vous avez répondu “oui” à une ou plusieurs de ces questions, alors cet article est fait pour vous car vous y retrouverez les 4 astuces de Céline, Muriel, Fabienne et Nathalie !
P.S. : En bonus, vous saurez enfin quoi répondre si l’on vous demande en entretien d’embauche si vous voulez des enfants.

1. Comment évaluer sa valeur avant l’entretien d’embauche pour négocier son salaire ?
1.1. L’importance d’analyser son profil
Négocier son salaire passe tout d’abord par analyser son profil selon Nathalie. Mais, analyser son profil, concrètement, ça veut dire quoi ? Ça veut tout simplement dire que vous allez lister tout ce qui est valorisable dans votre vie professionnelle et personnelle. Vous êtes prête ? Alors, prenez une feuille de papier et un stylo et suivez, Mesdames, l’exercice qui va suivre.
Répondez aux questions suivantes :
- Quelle école de commerce ou d’ingénieur avez-vous faite ? Quel est le classement de cette école selon les sondages existants (L’Étudiant, etc.) ?
- Avez-vous étudié à l’étranger ? Avez-vous travaillé à l’étranger ? Combien de langues parlez-vous ?
- Combien d’années d’expérience professionnelle avez-vous à tel ou tel poste ou dans tel ou tel secteur ? Avez-vous eu des expériences durant lesquelles vous avez encadré une équipe ?
- Savez-vous utiliser tel ou tel logiciel ? Avez-vous une vie associative ?
Vous l’avez fait ? Félicitations ! Vous pouvez être fière de vous. Vous faites partie de la communauté des femmes qui agissent ! Vous devriez à présent avoir davantage conscience de votre valeur. Je suis persuadé que tout le monde à de la valeur. Et je me fais un plaisir que de découvrir quels sont les talents des personnes que j’accompagne.
En ce moment, j’ai le plaisir d’accompagner une jeune femme du nom de Jeanie qui est juriste qui parle 4 langues, ou encore Véronique, une ancienne sportive de haut niveau, mais aussi Patricia, une assistante qui gère des budgets à 6 chiffres ! La liste est longue 😉. Quoi qu’il en soit, gardez en tête que vous avez de la valeur. Vous êtes importante.
L’exercice que vous venez de réaliser est très important, car il vous permet non seulement d’avoir des billes pour négocier, mais aussi de gagner en confiance en vous !

1.2. Analysez votre marché
Vous avez pris conscience de votre valeur, c’est très bien ! Maintenant, nous allons voir ensemble comment estimer le niveau de salaire auquel vous pourrez prétendre. Ce niveau de salaire dépendra bien évidemment :
- du type de poste que vous visez ;
- du secteur d’activité (industrie agroalimentaire, conseil en stratégie, etc.) ;
- et de votre zone géographique de recherche.
Une fois que vous aurez identifié un type de poste, dans un secteur donné et dans une zone géographique donnée, vous pourrez estimer votre niveau de salaire en réalisant les actions suivantes :
- regarder les annonces pour des postes similaires dans différentes entreprises du même secteur et dans la même région ;
- regarder aussi les grilles de salaires en fonction de votre formation sur les sites des branches professionnelles des entreprises que vous visez ;
- utiliser le simulateur de salaire de l’APEC (l’association pour l’emploi des cadres) ;
- et interviewer des personnes dans le cadre d’une démarche Réseau pour avoir des informations sur le niveau de rémunération auquel vous pouvez prétendre.
Pour ma part Mesdames, j’adore utiliser une démarche Réseau. Pourquoi ? Tout simplement parce que c’est plus agréable d’avoir une personne en face de nous avec qui échanger plutôt que d’être seule chez soi devant son ordinateur. Vrai ou pas ? Ensuite, parce que c’est de cette manière que vous obtiendrez des informations précises.
En effet, si vous interviewez trois chargés de communication junior travaillant dans des entreprises de prestation de services en ingénierie de la région PACA, vous saurez précisément combien vous pourrez espérer être payée si vous allez dans une entreprise similaire.
Et plus on a d’informations, plus on est à l’aise en entretien d’embauche pour négocier son salaire. Pour en savoir plus sur comment faire pour réaliser des entretiens réseau, je vous invite à lire les deux articles suivants :

1.3. Calculez votre point mort fiscal !
Dernier élément à regarder avec de négocier son salaire : déterminer précisément combien vous souhaitez obtenir. Pour ce faire, les quatre membres de l’association BPW vous inventent à lister tous vos postes de dépenses. En voici une liste non exhaustive :
- Loyer, électricité & eau
- Taxe d’habitation
- Épargne
- Loisirs (danse, restaurants, vacances, etc.)
- Assurance (voiture, habitation, etc.)
- Consommables (nourriture, essence, etc.)
- Téléphone
- Internet
Vous remarquerez que j’ai pris soin de noter “Épargne” et “Loisirs”. En effet, je pense que c’est important d’avoir la notion d’épargne en tête pour s’assurer un matelas financier afin de pallier aux aléas. De plus, vous invite également à prendre en compte vos loisirs autant que faire ce peut.
Je crois en effet que la vie ne se résume pas qu’au travail – même si je travaille beaucoup car j’adore ce que je fais même si ce n’est pas facile tous les jours. Je fais beaucoup de danse sur mon temps libre. Le West Coast Swing, vous connaissez ? Allez jeter un oeil sur Youtube 😉.
Cette activité est un réel bol d’oxygène et me permet de me ressourcer. Je rencontre beaucoup de monde, je voyage, j’apprends, etc. Mon prochain événement de danse ? C’est le Scottish Swing Classic en Angleterre. Peut-être aurais-je le plaisir de vous y voir !
Mais revenons à nos moutons. Une fois que vous avez estimé le montant mensuel dont vous avez besoin, comparez-le à votre analyse du marché. Si vous êtes dans la fourchette des prix du marché, c’est ok. Si vous êtes légèrement au-dessus, vous avez des billes (grâce au point 1.1.) pour tenter de négocier.
Enfin, si vous êtes carrément au-delà du budget de l’entreprise, vous devrez changer vos paramètres de recherche (type de poste, secteur, zone géographique) ou veiller à revoir à la baisse le montant mensuel dont vous avez besoin.
Si cela n’est pas facile pour vous, je vous invite à regarder ce que font Christian Junod ou encore Nathalie Cariou. Ce sont tous les deux des spécialistes de la relation à l’argent. Leur but ? Aider les gens à mieux gérer leurs besoins d’argent.

2. Comment est structurée une rémunération en entreprise ?
Là, nous allons attaquer une partie très technique. Préparez-vous, vous allez recevoir beaucoup de matière 😌. Vous êtes prête ? Alors, c’est parti !
2.1. Passer du salaire “brut” au salaire “net imposable”
En effet, avant de négocier son salaire, encore faut-il savoir de quoi est composée la rémunération. Si vous avez mené une démarche Réseau, vous vous serez rendu compte que la rémunération ne se limite pas uniquement au salaire net mensuel. Mais déjà, parlons-en justement de ce salaire net mensuel !
En entretien, les recruteurs parlent un autre langage. Ils parlent de salaire brut annuel. Et cela a toute son importance. En effet, si une entreprise vous propose par exemple un salaire brut annuel de 24 000 €, voici le calcul que je vous invite à faire.
Pour un cadre, pour passer du brut au net imposable, vous devez enlever environ 25 %. Je vous invite à utiliser ce calculateur pour faire vos simulations. Donc, si je reviens à mon exemple, cela donne : 24 000 € brut / an ✖️ 0,75 = 18 000 € net imposable / an.
2.2. Payée sur 12, 13 ou 14 mois ?!
Étape suivante : déterminer si vous êtes payée sur 12, 13 ou 14 mois. Si vous êtes payée sur 12 mois, cela fera : 18 000 € net imposable / an ➗ 12 = 1 500 € net imposable / mois. Si vous êtes payé sur 13 mois, cela fera : 18 000 € net imposable / an ➗ 13 = 1 384,6 € net imposable / mois.
Oui mais Jeff, l’année ne comporte que 12 mois. Oui, vous avez raison. Ce fameux 13 ème mois, vous le recevrez sous forme de prime. Quand je travaillais chez Onet Logistique, je recevais ce 13 ème mois en décembre. Ce qui faisait qu’en décembre, je touchais deux mois de salaire d’un coup.
C’est important de prendre cela en compte car si vous êtes payée sur 13 mois au lieu de douze. En effet, ce n’est pas 1 500 € net imposable / mois que vous allez recevoir mais 1 384,6 € net imposable / mois. Soit une différence de plus de 100 € !

2.3. Passer de salaire net “imposable” à salaire net “dans votre poche”
Vous aurez remarqué que j’ai parlé de “net imposable / an”. En effet, nous n’avons pas encore déduit le montant de l’impôt sur le revenu. Si vous êtes par exemple célibataire sans enfants, pour un salaire compris entre 1 450 € et 1 551 €, vous allez être imposé selon Fabienne à hauteur de 1,5 %. Voici la source !
Ce qui nous ferait donc : 1 500 € net imposable / mois ✖️ 0,985 = 1 477,5 € net / mois. Voilà pour la partie de la rémunération qui concerne le salaire fixe. Et oui, vous l’aurez compris, derrière la notion de rémunération se cachent bien des choses 😅.
Dans la partie suivante, je vous présenterai d’autres éléments de rémunération dont a parlé Fabienne pendant l’atelier BPW à l’IAE d’Aix-en-Provence. Si vous avez des questions, je vous invite à les poser dans les commentaires.
2.4. Les autres éléments de rémunération possibles
Bon, promis, je ne vais pas vous faire des tartines. Je vais me contenter de vous partager la liste de Fabienne :
- Le salaire variable (notamment pour les commerciaux). Attention, prenez soin de vérifier les deux choses suivantes :
- De quoi dépend cette part variable ?
- Quand est-ce qu’elle est payée ?
- L’intéressement et la participation
- Les primes. Attention, prenez soin de vérifier les deux choses suivantes :
- De quoi dépend cette prime ?
- Quand est-ce qu’elle est payée ?
- La mutuelle (50 % minimum est payé par l’employeur). Prenez “soin” de vérifier quelles prestations sont remboursées et à quelle hauteur.
- Les tickets restaurant
- L’aide au transport (50 % minimum est payé par l’employeur)
- Le comité d’entreprise
Remarque importante : Durant cet atelier, Fabienne a souligné qu’il n’est pas obligatoire pour l’employeur de faire figurer dans le contrat de travail les éléments de rémunération qui ne concernent pas uniquement la salariée en question.

3. À quel moment aborder la question de la rémunération pour négocier son salaire ?
Voici déjà quelques billes pour vous aider à mieux comprendre comment et avec qui négocier son salaire. Tout d’abord, sachez qui si vous avez la chance d’être démarché par un chasseur de têtes, ce dernier vous donnera la décomposition de la rémunération.
Ensuite, sachez que vous aurez davantage de chances de parler de la rémunération face à un interlocuteur RH plutôt que face à un manager. Quoi qu’il en soit, Muriel vous conseille d’aborder un positionnement humble au moment de la négociation.
Misez, Mesdames, sur votre savoir-être :
- Qu’est-ce qui vous différencie des autres candidats ?
- Mettez en avant vos talents de femme (douceur, diplomatie, mettre du liant dans une équipe, faire plusieurs choses en parallèle, etc.)
- Quelle est votre motivation pour ce poste-là en particulier ?
- Quelle est votre motivation pour la société pour laquelle vous postuler ?
- Partagez-vous ses valeurs ?
- De quelle manière vous projetez-vous dans l’entreprise en question ?
En agissant de la sorte, vous pourrez facilement rassurer le recruteur et créer un rapport de confiance. Mettez-vous à la place de ce dernier. Ce qu’il craint par-dessus tout, c’est de faire recruter un collaborateur qui ne fera pas l’affaire.
Et surtout, gardez en tête de ne jamais prendre de décisions à chaud. Muriel conseille de regarder à tête reposée la proposition qui vous sera faite pour de pas dire oui sous le coup de l’émotion. Allez, voici la partie bonus dont je vous ai parlé en introduction 😉.

4. “Voulez-vous m’épouser ?“
La dernière intervenant à prendre la parole a été Céline. Et Céline d’insister sur le fait qu’une embauche, c’est comme une demande en mariage. N’allez donc pas dans une entreprise dans laquelle vous n’avez pas le bon feeling !
Et quand on parle de mariage, on parle également d’enfants. Selon Céline, ne dissimuler pas votre grossesse en entretien d’embauche pour conserver un rapport de confiance avec votre employeur une fois en poste.
Pour information, Céline a embauché deux personnes enceintes. Nathalie, elle, en a aussi embauché une. Et moi de vous poser la question suivante : “Avez-vous réellement envie de travailler pour un employeur qui considère que 4 mois d’absence dans une entreprise n’est pas une chose anecdotique ?”
Les 4 mois d’absence ne sont pas sortis au hasard. Il s’agit du congé maternité suite aux deux premiers enfants. Je finirai cet article sur une anecdote. Quand je travaillais chez Onet Logistique, le responsable du bureau d’études et du développement commercial est allé au ski.
Il s’est cassé la jambe. Résultat, il a été arrêté pendant plusieurs mois. Pensez-vous que l’entreprise s’est arrêtée pour autant de tourner ? Non. Et, qui plus est, cet arrêt n’était pas anticipé. Ne pensez-vous pas qu’un congé maternité est même plus avantageux pour l’entreprise d’un accident de ski ? En effet, ce dernier peut-être anticipé, lui ! 😉
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Merci pour cette très belle fin d’article sur le congé maternité.
J’ai moi même passé un entretien enceinte, et je l’ai caché de peur d’être rejetée sur les conseils d’une rh alors que je rentrais d’un congé de mobilité et qu’on était obligé de me reprendre. J’ai finalement été reprise. Mais je n’ai pas eu droit à la prime de fin d’année à cause d’une trop longue absence, j’avais pris 6 mois de congé parental….
Merci Carine pour ton retour ! C’est vrai qu’assumer n’est pas forcément facile. En tout cas, c’est une bonne chose de demander conseils à des personnes qui peuvent aider ! : )